Historique.
Quelques souvenirs par Eric BASSET
Ce que vous allez lire là n’est que le rassemblement de quelques souvenirs épars, mais qui peuvent, mis bout à bout, participer d’une histoire, qui reste à écrire, du Yacht club du Val André.
Profondément attaché au Val André, berceau d’une partie de ma famille, côté paternel, et totalement passionné de mer et de bateaux, comme chacun le sait, il était inévitable que ce club fasse partie de ma vie depuis ma plus tendre enfance.
Héritage familial, tout d’abords, mon père lorsque j’étais enfant, puis jeune adolescent, était très impliqué dans le fonctionnement du YCVA. Il en était le commodore quasi inamovible, titre ronflant, qui de nos jours prête largement à sourire, tout comme la casquette blanche de rigueur qu’il convenait d’arborer en tout circonstance dès l’arrivée Villa Thérèse, mais qui, à l’aune de l’époque correspondait bien aux mentalités de cette population bourgeoise, singeant joyeusement nos amis anglais, grand marins devant l’éternel . Cela correspondait tout à fait à l’idée de ce qu’ils se faisaient alors de la navigation à voile, on pratiquait le Yachting…….Ce qui n’est quand même pas rien !
Le YCVA était un Yacht Club, pas un cercle de la voile, ni un centre nautique, la démocratisation de la voile n’avait pas encore commencé, et la naissance du YCVA durant les années 30 puis sa refondation au sortir de la 2eme guerre mondiale précédait largement la diffusion du vaurien ou du 420.
J’en garde le souvenir d’un « entre soi », d’un endroit ou se rassemblait cette partie de la population qui se considérait être « la bonne société », principalement parisienne d’ailleurs, quoique qu’ayant des attaches au Val André, ou les diners, les soirées dansantes et les tournois de bridge n’avaient pas moins d’importance que les régates que l’on disputait entre 2 parties de tennis. Il y avait d’ailleurs une coupe Tennis-Yachting qui était l’un des « Must » de la saison. Inutile de préciser que le niveau sur l’eau n’atteignait pas des hauteurs stratosphériques, le spi, par exemple, était quelque chose de parfaitement accessoire.
Mais revenons à mon commodore de père, il avait pour rôle au sein du club de gérer l’organisation des régates, ce qui commençait par la mise sur pied du calendrier, qui, à l’époque était fourni puisqu’entre le 15 juillet et le 15/20 aout il se disputait une bonne douzaine de « Coupes », toutes plus prestigieuses les unes que les autres.
Le calendrier établi, il convenait ensuite d’organiser les régates. On mouillait en début de saison 3 bouées, une au Môle, une au Verdelet, une à la Guette, et quel que soit l’orientation du vent, le parcours était immuable : on partait du môle, on allait au verdelet puis à la guette, et retour au môle pour 1 ou 2 tours.
Les parcours Olympiques étaient denrées parfaitement inconnues, et comme à Cowes, le départ était donné depuis la terrasse du club avec de jolis canons et un alignement entre le mât du club et un mât fixé sur le môle.
Et j’ai passé des années à aider ma mère à donner les départs. Elle tirait le canon, je m’occupais des pavillons ou du boulier, c’était selon….
Je suivais bien entendu les régates avec passion, et étais capable, sans jamais avoir mis les pieds sur un bateau, de discuter des mérites comparés du Mousse, du Vaurien ou du Caneton…….
Durant les années 60, période pendant laquelle j’officiais au côté de ma mère, les bateaux participant aux régates avaient bien évolués, les Cormorans ( petits quillards à gréement Houari très répandus en Bretagne Nord ), les Canetons Brix ou Restrictions qui firent les beaux jours des régates des années 50 avaient laissé la place aux Vauriens, aux Mousses, aux Canetons 57 ( en contreplaqué ou en plastique ) puis bientôt aux 420, aux Ponants, au Jet et aux 470. Comme une survivance du passé, du moins jusque vers 67/68, il y avait 3 Bélougas qui participaient très régulièrement aux régates, le 198 de Pierre Michaud, par ailleurs trésorier du club, le 233 de Robert Garand, le président du club durant de nombreuses années, jusqu’en 1971 il me semble, et le 667 de la famille Bazaille qui était, en général celui qui marchait le mieux. Le Bélouga était un petit croiseur côtier très rapide de 6,50m, dériveur intégral et gréement le plus souvent Houari ( gréement à corne ) dessiné durant la guerre par Eugène Cornu, à la demande de Jacques Lebrun ( champion olympique en solitaire à Los Angeles en 1932 ) et assez répandu en Bretagne nord ou il n’existait, à l’époque, aucun port en eau profonde, l’absence de tirant d’eau étant un avantage évident.
Toutes les régates étaient bien sûr inter-séries, et la participation pouvait être importante, surtout durant la période 66/70, je me souviens de régates de début aout dans ces années là avec 40 à 50 bateaux, et il y avait de tout sur l’eau, la révolution de la plaisance était en marche, le nombre de dériveurs sur le parking qui venait d’être construit devant le club ne cessait d’augmenter, et baby boom aidant, l’âge moyen des pratiquants était en chute libre.
Le dériveur le plus répandu en France à cette époque était le Vaurien, mais chez nous il était supplanté, comme ailleurs en bretagne nord d’ailleurs, et notamment en baie de Morlaix, par le Mousse, qui était LE bateau des jeunes. Il me semble que le 1er qu’on ait vu au Val André était un en bois, le 870 de Régis Toussaint, il fut rapidement suivi par celui en plastique de Patrice Ledoux ( devenu ensuite un grand producteur de cinéma ), pont et voiles orange, et celui de la famille Millet, pont bleu. Le Mousse et le Vaurien avaient le même temps compensé, et je ne sais pas pourquoi, mais en général, les Mousse étaient devant. Bateau plus rapide, équipages plus performants ? la question reste ouverte.
Hormis les Bélouga, on voyait aussi aux régates des petits croiseurs comme le Corsaire, ou le Maraudeur. Le Maraudeur était un petit dériveur lesté, assez proche en performance d’un dériveur comme le Flibustier, et de mémoire le plus assidu était celui de Mr Achener.
Les nouveaux dériveurs, le 420, puis le 470 apparurent bientôt à partir de 64/65. Le premier 470 fut le 2028 des frères Senly, pont orange, tire arrière, pas d’étambrai, pas de spi, winch de foc sur le puit de dérive, mais un trapèze, ce qui au Val André était encore assez nouveau.
Mais les rois du plan d’eau durant toute cette période c’étaient les 3 Canetons Plastiques. Celui des Souliac d’abord, le 2179, un Matonnat pont rouge. Jacques Souliac, le propriétaire, architecte de renom, propriétaire d’une Jaguar Mark 10, était un bricoleur conséquent, un metteur au point motivé, et un régatier averti. L’hiver il régatait à l’ACBB sur la seine. Il équipait . Au début, il fit appel à mon père pour barrer son bateau, puis son fils, Eric, ayant grandi en âge et en compétence, c’est lui qui prit la barre. Que ce soit avec mon père ou avec Eric à la barre, ce bateau a, jusqu’en 1970 gagné à peu près toutes les régates. Il n’avait qu’un concurrent sérieux, le Caneton de René Georges qui, lui aussi naviguait l’hiver, au lac du Der.
Mon père avait aussi acheté un Caneton Plastique, un Durif, le 2134, mais il ne s’en est jamais vraiment servi, il n’avait pas d’équipier, il n’avait pas de spi, et quand il ne naviguait pas en DC20 ou RC20 pour le Chantier Silvant de Carantec, il barrait plus souvent le bateau des Souliac que le sien. A partir de 1970, c’est moi qui vais m’accaparer ce bateau.
Ces 2 bateaux ( Souliac et Georges ) régataient toute l’année, contrairement à leur concurrents Val Andréens, ils étaient parfaitement réglés, bénéficiaient d’un accastillage dernier cri et surtout ils étaient mené par des gens qui savaient ce que régater voulait dire. Ils étaient notamment à peu près les seuls à se servir d’un spi.
Et pour couronner le tout, ils bénéficiaient d’un rating de voleur, le même que celui du 420, et le 470 leur rendait 2,30 mn par heure, alors qu’en général les canetons arrivaient devant en temps réels, en tout cas tant qu’il n’y eu pas d’équipages d’un niveau équivalent.
Le concurrent le plus coriace des Canetons durant cette période de la deuxième moitié des années 60 fut sans doute le Ponant de Christian et Dominique Flageul.
Durant toute cette période, outre les épreuves classiques de la saison, le YCVA a organisé des Championnats importants, je me souviens notamment du Championnat de Bretagne Nord des Mousse archi dominé par les équipages de Carantec, menés par la famille De Kergariou, et d’un Championnat de France de Bélouga, il me semble que c’était en 1966, avec notamment une réception en blazer et robes longues à la Rotonde.
Le Yacht Club était toujours installé sur le quai à Piégu à côté de la maison de la famille Py. Ce local avait été acheté au sortir de la guerre par un groupe de membres du YCVA, à l’instigation du président d’alors. Il y avait en bas un bureau, une pièce /vestiaire et un garage, au 1er étage un bar et la terrasse qui servait notamment pour les départs. A la fin des années 60 le bâtiment a gagné un étage, et une terrasse couverte et vitrée.
A la fin des années 60, constatant le rajeunissement évident des pratiquants, ainsi qu’une recherche de pratique plus sportive de ceux-ci, le bureau du YCVA coopta en son sein à la fin de la saison 1969, 2 jeunes, en l’occurrence Michel Garand, le fils du président, et moi – même, le fils du commodore. J’avais alors 17 ans.
On reste quand même entre gens de bonne compagnie.
Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est qu’on avait bien l’intention, moi, en tout cas, Michel, peut être un peu moins, de donner un sérieux coup de jeune à tout cela, et modifier l’orientation du club de fond en comble afin qu’il devienne un vrai club de voile dont la pratique sportive serait l’objectif no 1.
Il se trouve qu’il y eut 1 ou 2 ans plus tard un changement de président, Robert Garand cédant sa place en 1970 ou 1971, je ne me souviens plus de la date exacte, à Paul Lavollée, qui, à mes yeux présentait 3 avantages : il était beaucoup plus jeune, il devait avoir à l’époque dans la quarantaine, il était de St brieuc, et surtout c’était un régatier accompli, faisant toutes les courses du RORC sur son Giraglia, un plan Mauric de 11,50 m tout à fait compétitif.
Le premier projet que nous avons conçu avec Michel Garand, et qui a été de suite validé par le bureau, ce sont les 8h du Val André qui deviendront dès la 1ere édition en 1970 une épreuve phare de la saison.
De fait, il s’est avéré dès l’été 70 que l’animation régatière du club reposait maintenant sur nous, un relai de génération était pris, et je m’y employais avec passion, grandement aidé notamment, par Francis Tilloy qui était un de mes amis d’enfance.
Au début des années 70, on était en plein boom de la voile légère, cela devenait réellement une pratique de masse, les écoles de voies ne désemplissaient pas, les clubs de voile poussaient comme des champignons un peu partout en France, les jeunes s’y mettaient en masse, et il y eut une floraison incroyable de nouveaux dériveurs. On vit apparaître le 4M, le R9M, le 430, le 390, le 485, le 445, le Jet, le 490, le Duo, le Surf, le Zef…. etc…..etc…..
Au Val andré, cela se traduisit très vite par un afflux de nouveaux bateaux, au point que le parking devant le club devenant trop petit, la ville construisit un nouveau parking dans l’anse de piégu, qui fut immédiatement rempli.
La participation aux régates rajeunit fortement, et la physionomie des lignes de départ changea quelque peu, les maraudeurs, bélouga, mousse et vaurien de la décénie précédente disparurent, les casquettes aussi, par contre les ceintures de trapèze et les combinaisons isothermes firent florès. On naviguait aussi beaucoup plus.
Au mitan des années 60 avait été crée, à l’initiative de Roger Raspail, le Cercle de la voile d’erquy, et très vite une jolie rivalité de clocher s’était développée au gré des déplacements réciproques aux régates des 2 clubs, ce d’autant plus qu’à Erquy le fils du président, Quentin Raspail avec Olivier Bovyn ( qui fait encore aujourd’hui une belle carrière au sein de le FFV ) au trapèze, avait atteint un sérieux niveau en 470….il y avait des défis à relever !
Parallèlement les Sables d’Or se dotaient eux aussi d’un Cercle de voile, et durant toute la première moitié des années 70, nous allons passer nos étés sur l’eau à régater chez nous, à Erquy, ou aux Sables d’or. On régatait facilement 1 jour sur 3 durant cette période, et quand on ne régatait pas on convoyait les bateaux vers Erquy ou vers les Sables d’or. Je garde encore le souvenir de passages du cap d’erquy un peu mouvementés certains jours par vent de Sud ouest …….
Bref on naviguait beaucoup avec la ferme volonté de progresser toujours plus. Les lectures théoriques ( elvstroem, pinaud ) complétaient utilement le temps passé sur l’eau. L’émulation allait bon train.
J’avais beaucoup d’ambition pour mon club, et l’idée était aussi de participer à des régates nationales. En 1971, je poussais un de mes copains, Michel Dolou à participer, équipé par mon frère Luc, au championnat de France Junior à la Grande Motte. Sacrée expédition ! Pour ma part je participais avec mes frères Luc, puis Loic, aux championnats Nationaux de Caneton Strale au Lac de la forêt d’Orient en 1972, et à la rochelle en 1973.
Les résultats ne furent pas inoubliables, mais on apprenait ……..Et on mettait en application avec détermination entre la Guette et Piégu. Je garde de cette période des années 70, en tout cas de la 1ere moitié, l’image d’une émulation permanente, nous avions tous entre 18 et 25 ans, et de l’énergie à revendre……Le niveau montait, nous avions imposé les parcours olympiques avec départ au près, terminé le folklore des départs du club et des bords de bon plein sans intérêt. Les supports changeaient aussi. Les Flageul avaient troqué leur Ponant contre un 470 vert foncé avec des voiles Tonnerre. J’avais convaincu mon copain Jean Robert Allain, à qui son père voulait offrir un dériveur, de choisir un Caneton Strale. Ce fut le 1er au Val andré, mais pas le dernier.
No 2633, coque noire, intérieur bleu, affublé d’un nom à coucher dehors, « Pithecantropus Erectus », si ma mémoire ne me fait pas défaut, et qui dénotait bien les goûts musicaux de l’époque de son heureux propriétaire. C’était un bateau très moderne, avec double fond autovideur, dessiné par un architecte italien, Santarelli, plutôt très sportif, et pas forcément d’une stabilité à toute épreuve, une espèce d’antithèse de son prédécesseur le Caneton 57.
De mon côté j’avais fini par faire main basse sur le Caneton paternel, de façon officieuse en 70, et officielle en 71 ( prime promise pour l’obtention du bac ). Des voiles neuves , un spi, et un accastillage au goût du jour, de quoi prendre la relève des Souliac que l’on voyait de moins en moins sur l’eau. Equipé par Martine Pascal, je finissais 2eme de la première édition des 8h du Val André en 1970, derrière Eric Souliac qui, avait pour l’occasion, débauché mon frère Marc et son copain Stephen Behr comme 2eme équipage.Toujours avec ce Caneton no 2134 je remportai en 71 la 2eme édition des 8h. A la fin de la saison je vendais le Caneton, pour acheter d’occasion le Strale de Zanlonghi, un des bons de la série à l’époque, dont la coque intégralement graphitée, promettait de joyeuses parties de glissades sur la coque en cas de dessalage. Ce premier Strale, le 2617, fut ensuite suivi en 1973 par le 2801, coque blanche, intérieur rouge, que j’avais acheté neuf, mais coque nue, et que j’ai intégralement accastillé moi-même, ce qui, je suppose, va en faire sourire plus d’un, mon amour du bricolage étant devenu largement aussi proverbial que mes capacités en natation.
C’est également en 1973 que l’on vit débarquer sur le quai Pascale Lycong avec son Strale 2618 dont la propension à s’ouvrir au niveau de la liaison coque pont à l’arrière nous donna l’occasion de devenir de vrais experts en résine de polyester. Il n’empêche, entre 2 réparations, Pascale et Catherine Allain formaient un duo de choc sur l’eau.
Les 420 s’étaient aussi multipliés, il y avait celui, d’origine espagnole, de Marie Catherine Py, celui de Michel Dolou, celui des Berthelot, celui de la famille Le Bigot, celui d’Alain Flageul, et j’en passe. C’est aussi durant ces années là que l’on vit apparaître le premier Fireball, série qui deviendra bientôt une spécialité locale, au même titre que les sucettes, ou les galettes de Mme Emery. Il s’agissait en l’occurrence du 6740, un Guindé vert pâle appartenant à Pierrick Sevegrand. Il fut rapidement suivi sur le plan d’eau, vers 1975, par le premier bateau des Le Men, puis en 1976 par mon premier Fireball le 9696, un Guindé aussi, que j’avais racheté aux Junca. Le mouvement était lancé, et in n’était pas près de s’arrêter.
Il y avait aussi le Jet des Vincent, un bateau assez comparable au 470, quoiqu’un peu plus dur à tenir à cause d’un plan de voilure bien plus élancé. En tout cas le chantier Lanaverre avait lancé ce bateau pour récupérer des part de marché au détriment du 470 de Morin sur ce créneau des dériveurs sportifs dits « raisonnables » en comparaison des 505 et Flying Dutchman.
Mais nos concurrents les plus dangereux durant ces années étaient les 470, les frères Guezennec, tout d’abord, sur leur Morin 6853, aussi sympas qu’efficaces sur l’eau, Paul Lavollée fils ensuite, avec
le 6191 vert et blanc qui ne tarda pas à faire des progrès spectaculaires, pour devenir vers 1974/75 un rival vraiment coriace.
Les 8h étaient devenus la régate phare de la saison, et attiraient des bateaux d’un peu partout. Une trentaine de concurrents était la norme, et quand vous multipliez par 4 personnes, cela finit par faire un peu de monde. Question résultats après les 2 victoires des Canetons, Souliac en 70 et moi en 71,je gagnais avec le Strale les éditions 72, 73, 74 et 75. En 76 c’est un 420 qui s’imposa au cours d’une édition marquée par Nordet vigoureux, des risées brutales devant Piégu, un nombre de dessalages conséquent, et non moins d’abandons. Pour ma part, les 8h n’avaient pas duré bien longtemps la dérive du Fireball ayant décidée de s’ouvrir en 2 au bout d’une heure. Quand au 420 vainqueur, son équipage était mené par Philippe Claude qui allait être 3eme aux championnat du monde De 470 en 1979 et 1980 avec Robert Moner, puis remplaçant dans l’équipe de France pour les jeux olympiques 1980 et 1984.
Bref ça naviguait bien et beaucoup devant le Verdelet. On commençait d’aller voir si l’eau était aussi bleue, dépassé les frontières des Côtes du Nord ( appellation d’époque ), mais on organisait aussi au Val André des régates « importantes », un championnat de bretagne nord de Fireball en 1971, le National se déroulant à St Cast juste après, il y eu une belle flotte, et un championnat de bretagne nord de Strale en 1974.
1974, est d’ailleurs l’année ou je quittais le club suite à un clash assez violent avec Pierre Michaux, le trésorier, juste avant la remise des prix des 8h. Je ne me souviens plus quelle était l’origine du litige, mais je souviens qu’on en était quasiment venus aux mains. Je dois avouer qu’à l’époque je n’étais pas doué d’une grande tolérance, surtout à l’égard de ces gens qui prétendaient gérer un Yacht Club sans mettre bien souvent les pieds sur un bateau.
Entre 1975 et 1979, il me semble que Paul Lavollée (père ) était toujours le président, mais c’est sur Francis Tilloy que reposait le fonctionnement du club au jour le jour. C’est aussi durant cette période que la planche à voile a commencé d’apparaître, donnant manifestement un coup de vieux à nos dériveurs. Il était inévitable que la pratique régatière en subisse le contrecoup, ce d’autant plus que Francis, excellent organisateur, n’était pas du tout un régatier……L’activité s’est donc lentement érodé, et bientôt les 8h restaient la seule régate figurant au programme du YCVA……Le nombre des licenciés étaient en chute libre.
De mon côté je continuais de naviguer autant, soit sur le 470 des Rémy ( le 10204, il me semble ), soit sur celui des Bavay, soit aussi sur celui de Bernard et Martine Hingant avec qui on a gagné les 8h du Val andré en 77 et 78, soit sur mon Fireball. On régatait un peu au Val andré, il ne restait plus beaucoup de régates en dehors des 8h, mais toujours à Erquy , qui avait inventé les 7h, et aux Sables d’Or qui, pour ne pas être en reste, s’était doté, eux, d’une régate de 6H.
A Erquy l’équipage Raspail Bovyn avait pris une retraite anticipée,et la relève se faisait un peu attendre, sauf en catamaran, mais au Sable d’or les Frères Gabet avec leur 470 restaient des concurrents sérieux.
Durant l’été 1978,l’équipe dirigeante du YCVA ayant jeté l’éponge, Francis Tilloy était venu me voir pour me proposer de prendre la présidence du club et relancer l’activité.
Cela tombait bien, il y avait une nouvelle génération enthousiaste et mordue de voile prête à s’investir. J’ai donc accepté la proposition de Francis, et avec Jérôme et Catherine allain, Michel, Anne et François Garreau, Jacques et Florence Flageul, Olivier, Gilles, Emmanuel et Sabine Le Men, Philippe Legrain, Michel Le duff, Eric Lesage,nous avons décidé de reprendre le club.
Avec mes 26 ans, je faisais quasiment figure d’ancêtre.
Et cela a été le début d’une sacrée aventure !
- Les déplacement en bande à 3 ou 4 bateaux aux 24h de Trégastel, épreuve mythique s’il en est, le public massif et massé une bonne partie de la nuit sur les cailloux que l’on rasait, une ambiance incroyable, notre 2eme place avec Michel Garreau, Jacques Flageul et Jérôme Allain pour notre 1ere participation, les réveils à 4 ou 5 h du matin pour prendre le relai, Jean Robert Allain essayant de sortir de sa tente à coup de tangon Philippe legrain qui avait le réveil un peu lent…. et le 420 des sœurs Amourette qu’on leur avait emprunté une année pour faire les 24h avec les Le Men et dont l’accastillage était en lambeaux au bout des 24 h….. que de souvenirs …….
- L’organisation du Championnat de France Fireball en 1981, qui a laissé un souvenir impérissable à tous les participants, avec des soirées ou des concerts tous les soirs et de superbes régates. Le temps était aussi de la partie. Et quelle super équipe pour organiser un tel évènement ! quel enthousiasme, et à l’arrivée quelle réussite . Avec, cerise sur le gâteau, le classement des Val Andréens. Avec Vincent Junca on finit 2eme, et les Le Men 5eme. Belle performance !
- Ce Championnat avait été une telle réussite que l’International Fireball Class nous a demandé d’organiser le Championnat d’Europe 2 ans plus tard en 1983. Le YCVA franchissait une nouvelle marche, et avec la même équipe et le même enthousiasme, on remettait le couvert, mais au niveau supérieur. Et à terre, on innovait en proposant tous les soirs au public, à la rotonde, un résumé des courses en vidéo sur écran géant, histoire de mieux faire participer la station à cet évènement.
- Entre temps, la FFV nous avait confié l’organisation d’une étape du Tour de France des Planches à Voile. Belle reconnaissance officielle pour le super travail de cette jeune équipe du YCVA.
Mais pour autant on ne négligeait pas l’activité locale, on relançait un programme de régate plus fourni, on inventait la coupe Ping Pong Yachting, ainsi qu’une régate de nuit, sans oublier de valoriser les 8h dans tous les clubs alentour.
C’est également durant cette période que j’ai fait en sorte de rapprocher le YCVA de l’Ecole de voile de Dahouet, qui auparavant se regardaient plutôt en « chiens de faience ». Il règnait à Dahouet l’idée que le YCVA était un repaire de snobinards…..Ce rapprochement était d’autant plus facile à faire que Michel Garreau, jérôme Allain et moi-même avions été, ou étions encore, moniteurs à l’école de voile, et que celle-ci était en train de changer de directeur, le nouveau, Robert Goldin étant beaucoup moins « glénans » que son prédécesseur Jean François. Concrètement cela déboucha sur l’idée d’organiser ensemble des manifestations, ce qui se traduisit par l’organisation en commun du championnat du monde de Fireball en 1987, que j’avais validé avec la classe avant de quitter la présidence, et la création un peu plus tard du challenge Junca.
Mais il convient de fait de reconnaître que ce rapprochement va déboucher ultérieurement sur la transformation de l’école de voile en Centre nautique ayant vocation à gérer toute l’activité voile légère de la station, englobant donc l’activité « régate » du YCVA, le club quant à lui se repliant sur Dahouet après la mise en eau du bassin des salines, et se concentrant sur l’activité voile habitable.
Après le championnat d’europe Fireball, en 1983, je passais le relai de la présidence à André Garreau. Le développement de ma société de production musicale me prenait de plus en plus de temps et d’énergie, je régatais de plus en plus en Fireball au niveau national et international, ce qui entrainait des déplacements de plus en plus fréquents. Il était impossible de tout gérer en même temps…..
En reprenant le Club fin 1978, nous avions l’ambition de mettre la pratique sportive au centre du projet, et donc de faire en sorte d’élever de plus en plus le niveau de pratique.
Force est de constater, avec le recul, que si cet objectif a bien été atteint, j’y reviendrais un peu plus loin, il y eut aussi un revers à la médaille. 3 ou 4 équipages avaient tellement progressé que cela a vite découragé ceux qui ne mettaient pas autant d’investissement et de passion. C’est une alchimie très compliquée à mettre en œuvre de faire cohabiter voile compétition et voile loisir. Dans notre cas la 1ere a nettement pris le pas sur la seconde.
Pour éviter cela il eut fallu une école de sport susceptible régénérer cette pratique sportive, et que le coût ne soit plus un obstacle, et développer un stade intermédiaire complémentaire à travers la location par exemple, toutes choses que va mettre en place un peu plus tard Robert Goldin avec le centre nautique. Finalement ce rapprochement dont je parlais plus haut, qui se transforma peu à peu en absorption était sans doute la bonne solution. A condition que le Centre Nautique n’oublie pas en cours de route d’assumer son rôle sportif, ce qui est malheureusement en train d’arriver depuis la privatisation de l’activité.
Et aujourd’hui nous sommes devant le constat qu’il manque clairement d’une dynamique sportive voile au Val andré. Alors que le potentiel est là, que ce soit en voile légère ou en habitable. Il est par exemple hallucinant de constater qu’il a fallu que Raphael Allain, qui est aujourd’hui un des tous meilleurs français en Optimist dans sa catégorie d’âge, aille naviguer à Erquy puis Fréhel.
Mais revenons à nos moutons, et à cette pratique sportive de bon niveau qui va se développer au Val andré durant les années 80 / 90.
Celle-ci va se faire, dans un 1er temps, durant les années 80/90 essentiellement autour du Fireball, puis à partir de mi 90 en habitable également.
Le fireball, qui est un dériveur sportif à 2 équipiers, présentait l’avantage d’être une série international de haut niveau, mais accessible néanmoins à des équipages ne voulant pas, ou ne pouvant pas passer 300 jours sur l’eau par an, ce qui est le lot de quiconque veut exister dans des séries olympiques.
Le Fireball permet donc une pratique amateur de bon niveau, ce qui correspondant tout à fait au programme des différents équipages Val Andréens désirant de progresser, sans pour autant vouloir faire de la voile, un métier.
A partir de 1980, avec les frères Le Men, Olivier et Emmanuel, les frères Junca, Rémi et Dominique, Vincent Junca et moi-même ( Vincent fut suppléé à partir de 1988 par bertrand Daniels, puis à partir de 1990 par Jean François Nouel ), bientôt rejoints par Jérôme Allain, puis beaucoup plus tard par Eric et Anne Lewandowski, se constitua une équipe qui, en quelques années, s’installa en haut de la hiérarchie française. Le National 1986 à Carnac en est un bon exemple : 1er les Junca, 3eme Basset-Junca et 4eme les Le Men. En 1985 c’était 2eme Basset Junca, 6eme les Le Men, en 1987, les Le Men 2eme et les Junca 5eme, en1988, 2eme Basset – Daniels et 3eme les Le Men etc ….etc.
Entre 1981 et 1990 le Val andré va fournir 3 Champions de France ( Junca-Junca, Basset-Daniels et Basset-Nouel ) et 8 médaillés. Belle régularité, beaucoup d’heures sur l’eau en entraînements, et aussi beaucoup de Kms de déplacements pour participer aux régates importantes, en janvier à Antibes, en avril à Troyes, La Baule ou Vitrolles, en juin à La Rochelle et Trouville, en novembre à Maubuisson. Sans oublier les participations aux championnats du Monde et d’Europe, en Suisse, en Angleterre, en Irlande, au Canada, en Australie, en Italie, en République Tchèque. A l’international, les résultats oscillaient en général entre la 14eme et la 25 eme place……
A partir des années 90, les Le Men abandonnèrent le Fireball pour se consacrer à l’habitable et récoltèrent de belles victoires à Cowes Dinard ou au Spi Ouest France, sans oublier de brillantes participations à la Comodore’s cup. Jérôme Allain les remplaça dans le paquet de tête en Fireball, décrochant, notamment, de très belles places de 3eme aux Nationaux 1994 et 2010.
Pour ma part, je me dirigeais aussi vers l’habitable . Soutenu par le Département et le YCVA, je montais, avec Jean charles Scale et Tanguy Lagadeuc, les projets « Côtes D’Armor » sur le Tour de France à la voile en JOD 35 de 1994 à 1998. Superbe aventure, sanctionnée tous les ans, sauf la 1ere année, par des places entre 7 et 10. Les Le Men, Olivier, Emmanuel, et Sabine participaient bien sûr à l’histoire, ainsi que Sébastien Renault, Michel Garreau, Dominique Junca, ou Gael François.
Pour le Tour de France 1999, l’organisateur décidait de changer de support, le Mumm 30 remplaçait le JOD 35, et le département des Côtes d’Armor, de son côté, décidait de changer de stratégie et de réserver le projet Tour de France aux jeunes de moins de 25 ans. Nous avions bien évidemment largement dépassé cet âge limite. Il nous a donc fallu chercher ailleurs un club susceptible de nous accueillir pour continuer notre aventure sur cette épreuve absolument extraordinaire. Ce fut le YC Dinard qui nous ouvrit alors ses portes avec le soutien enthousiaste de son président d’alors, Paul Coirre, qui navigua avec nous sur les éditions 1999, 2000, et 2001.
L’équipe de ces projets « Dinard », de 1999 à 2005 était composé d’un noyau issu des projets Côtes d’Armor des années précédentes, renforcée par des régatiers Dinardais et Malouins, pour former un ensemble particulièrement efficace et sympathique qui nous permit de décrocher une victoire, en 2002, et 2 podiums en 2001 et 2003 au classement amateur du Tour de France.
Durant toute cette période mon centre d’activité nautique s’était donc déplacé d’une cinquantaine de Km vers l’est, ce d’autant plus que j’avais aussi découvert à Dinard les charmes du Flying Fifteen, quillard de régate de 6m50 à 2 équipiers, très prisé en Angleterre, Irlande, Ecosse, Nouvelle Zélande, Australie, et bien entendu à Dinard, vieille tradition anglophile oblige. C’était l’hiver et l’automne, tous les 15 jours des régates de 30/40 bateaux devant l’usine marémotrice ou devant St Lunaire, 5 titres de Champion National, une 13 eme place à un Mondial ( sur 100 concurrents ) en Irlande en 2003, et une 7eme place à un Européen à Majorque en 2004.
Dans la foulée, je naviguais aussi de plus en plus en courses au large, en Angleterre et en Bretagne sur des bateaux Malouins ou Dinardais, JPK 9,60, 10,10 ou 10,80, A 35 et A 31, First 40, MC34, le planning était chargé, mais je n’oubliais pas pour autant, le Val André. Même si je m’étais éloigné du Club, je participais tous les ans aux 40 miles de Dahouet, aux 8h de Val André ou au Challenge Junca, et de temps en temps aux 3 Jours d’Armor.
Pour raconter la vie du YCVA, ces 20 dernières années, je ne puis en avoir qu’une vision très extérieure de participant aux régates, et il me faut passer le relais à d’autres ……….
ERIC BASSET . 9 / 05 / 2020